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Ars Musica est enfin clôturé. Résonances superbes et épuisements multiples de la toute petite équipe du festival qui s’est donnée corps et âme. Voici donc venir le temps des remerciements. A commencer par ceux à toutes les personnes chargées de la production des nombreux événements de ce printemps 2012. Dieu sait si je ne les ai pas ménagées avec mes journées portes ouvertes, Japon et consorts !!!
Et pour moi, un grand « Ouf » de soulagement, malgré le petit coup de blues qui pointe à l’horizon ; car gérer la programmation d’un Festival d’une telle ampleur ne laisse pas indemne. Mais voila, l’édition 2012 a tenu ses promesses. Des moments magnifiques, des bonheurs, mais aussi quelques heurts et malheurs divers (rappelez-vous notamment de cette semaine fatidique où le destin frappa par trois fois à notre porte : mercredi 21 mars, Benjamin remplace Boulez opéré à nouveau aux yeux ; le 22, annulation de l’événement « Evanescens » de Todor Todoroff (j’y tenais beaucoup !!!) suite à l’annulation du colloque ; et le lendemain, Thierry Fisher malade et annulation en dernière minute du concert de l’ONB avec la création de Fafchamps… la galère !).
Restent donc les moments musicaux bouleversants de ce mois de mars ; et surtout l’envie de vous remercier, vous, auditeurs-spectacteurs chaleureux, qui nous avez suivis tout aux long de ces semaines intenses, au gré des découvertes et autres pérégrinations sonores. Vous qui nous avez soutenus dans cette quête de l’Altra Cosa, de cette autre cause qui suggère que la musique du XXIe siècle n’est décidément plus exclusivement orientée selon les idéologies dominantes qui furent celles du XXe siècle. Merci à vous tous, à votre sens critique et à votre écoute passionnée. Merci à toutes ses personnes que j’ai rencontrées, auditeurs enthousiastes, amateurs éclairés, simples amoureux de musiques de notre temps, mais aussi musiciens et compositeurs, touts ceux qui ont partagé ces moments de rencontres et qui ont exprimé leurs désirs le temps d’une discussion, un verre à la main, ou en aparté, l’un ou l’autre griefs à la bouche pour toutefois imaginer une alternative « constructive » (c’est cela aussi le sens critique !).
Ars Musica 2012 résonnera encore quelque temps dans nos mémoires. Pour prolonger ces souvenirs, je profiterai de cette page pour vous offrir quelques échos du Festival passé, avec quelques photos prises avec mon modeste appareil (mais je vous renvoie aussi aux superbes pages facebook d’Isabelle Françaix, avec les merveilleux témoignages visuels qui ont accompagné la vie du festival durant tout ce mois passé) ainsi que quelques documents sonores, pas toujours de grande qualité car pris sur le vif avec quelques appareillages de fortune, mais suffisants pour nous rappeler la variété des propositions musicales des concerts à l’image de la diversité du monde d’aujourd’hui.
Pour commencer, un petit souvenir de la journée d’Anvers du 24 mars. Le Quatuor Kryptos, le pianiste Ralph van Raat, la belle voix de Els Mondealers et les talents de Simone Milsdochter que je découvrais pour la première fois à l’occasion de ce concert (et qui m’a littéralement « scotchée » par sa prestation bouleversante). Bref, tout ce petit mondé fut réuni en vue de la création des « Songs van de Schoonheid » du néerlandais Pim Moorer. Avant cette première, Frederic Rzewski, un certain Ledoux et Omar Daniel, compositeur canadien découvert lors de l’élaboration de cette programmation… avec Moorer, une très belle révélation !
Quant au programme, vous pouvez le retrouver sur la page dédiée à ce concert, en cliquant ICI.
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En guise de première oeuvre du programme, la quatrième des Piano Pieces de Frederic Rzewski (1977). Oeuvre diabolique aux notes incessamment répétées desquelles émergent quelques souvenirs de musiques chiliennes. Fabuleuse musique proposée par l’excellent pianiste hollandais Ralph van Raat.
[audio https://ledouxclaude.files.wordpress.com/2012/04/rzewski-pianopiece4.mp3] Frederic Rzewski : Piano Piece IV (1977) – Ralph van Raat, piano – 5’33 ».
Deuxième pièce inscrite au programme, mon deuxième quatuor à cordes « Play Time », hommage à Jacques Tati, avec à l’instar du film homonyme une recherche sur le sens des valeurs humaines (dans mon quatuor, le vrai sens des valeurs expressives de la musique au gré des trois mouvement qui composent la pièce : Pre-Lude / Micro-lude / Post-Lude. Avec le côté ludique en prime… Et surtout un grand bravo au quatuor Kryptos qui s’est lancé dans l’aventure de cette oeuvre redoutable.
[audio https://ledouxclaude.files.wordpress.com/2012/04/ledoux-quatuor2.mp3] Claude Ledoux : « Play Time » pour quatuor à cordes (2004-révision 2011) – 17’36 » Quatuor Kryptos.

Omar Daniel derrière son ordinateur (regardez bien le fond d'écran de ce dernier, totalement adapté à la situation...)
Troisième Oeuvre de cette après-midi du 24 mars 2012, Annunciation du compositeur canadien résidant actuellement à Toronto Omar Daniel. Superbe enchaînement de miniatures destinées au quatuor à cordes transformé en temps réel par l’électronique. Comble de malchance, si la répétition fut magnifique, le concert fut entaché par quelques petits problèmes techniques…. Comme quoi les machines peuvent nous réserver bien des surprises (mais qu’est-ce qu’on les aime !!!). Donc ne soyez pas surpris par l’un ou l’autre petit craquement, ou par de petits « bugs » sonores dans l’enregistrement. Cela n’enlève cependant rien à la qualité de cette musique qui donne envie de connaître encore un peu plus le compositeur !
[audio https://ledouxclaude.files.wordpress.com/2012/04/daniel-annunciation.mp3] Omar Daniel : Annunciation (2005) pour quatuor et électronique – 16’49 » Quatuor Kryptos, Omar Daniel, électronique.
Dernière pièce du programme, la création des « Songs van de Schoonheid » de Pim Moorer. Pièce magnifique, bouleversante, sur des textes superbes de Peter Verhelst. Un moment magique (du moins pour moi) de musique. Le parti pris esthétique est fortement assumé. Si la musique néo-tonale ne vous tente guère, peut-être que vous n’y trouverez pas votre bonheur (encore qu’en musique tous les miracles sont possibles !!!). D’autre part, si vous ne comprenez pas le néerlandais, je vous recommande de passer les première minutes articulées en un grand monologue parlé, interprété par l’incroyable Simone Milsdochter fabuleuse actrice (hélas, l’enregistrement ne lui rend absolument pas justice). Une révélation en soi… Et une mise en relief fulgurante du texte de Peter Verhelst, magnifique dans ses répétitions, ses rythmes subtils et sa mise en temps qui épouse si bien l’événement qu’il relate. Demeure alors la musique de Pim Moorer, une « autre musique » qui me bouscule et me touche profondément dans sa simplicité. Oui, j’assume ma subjectivité à l’égard d’une musique qu’un certain monde de la musique contemporaine préfère mettre de côté, comme inclassable, voire qualifiée de manière si inappropriée de « régressive » (ah les ravages d’Adorno !!!). C’est aussi cela Altra Cosa ! J’espère que ce moment de musique vous titillera autant qu’elle suscite chez moi une profonde émotion à son écoute.
[audio https://ledouxclaude.files.wordpress.com/2012/04/moorer-songs-van-de-schoonheid.mp3] Pim Moorer : « Songs van de schoonheid » sur des textes de Peter Verhelst (création Ars Musica 2012) pour récitante, mezzo, quatuor à cordes et piano Simone Milsdochter, récitante / Els Mondelaers, voix / Quatuor Kryptos / Ralph van Raat, piano / Pim Moorer, direction (21’18 – musique à 2’58).
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Voila donc un premier écho de ce Festival de mars. D’autres témoignages faits d’enregistrements amateurs suivront si la chose vous agrée. Ne vous attendez pas à une qualité de type radiophonique, mais pourquoi ne pas se laisser bercer, fasciner, par une source sonore offerte pour ce qu’elle est, souvenir ému d’un moment unique.
Au plaisir de vous retrouver prochainement…
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Omar Daniel, Els Mondelaers, Simone Milsdochter, Ralph van Raat, Hanna Drzewiecka, Anthony Gröger, Pim Moorer, Claude Ledoux
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